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l’avenir de l’intelligence

peut trouver leur littérature frappée de tous les signes de la caducité : temporellement, elle triompha, gouverna et administra. Aucun gouvernement ne fut plus littéraire. Des livres d’autrefois aux salons d’autrefois, des salons aux projets de réformes qui circulaient depuis 1750, de ces papiers publics aux « Déclarations »successives, la trace est continue : on arrange en texte des lois ce qui avait été d’abord publié en volume. Les idées dirigeantes sont les idées des philosophes. Si les maîtres de la philosophie ne paraissent pas à la tribune et aux affaires, c’est que, à l’aurore de la Révolution, ils sont morts presque tous. Les survivants, au grand complet, viennent jouer leur bout de rôle, avec les disciples des morts.

Le système de mœurs et d’institutions qu’ils avaient combiné jadis dans le privé, ils l’imposaient d’aplomb à la vie publique. Cette méthode eût entraîné un très grand nombre de mutilations et de destructions, alors même qu’elle eût servi des idées justes : mais la plupart des idées d’alors étaient inexactes. Nos lettrés furent donc induits à n’épargner ni les choses ni les personnes. Je ne perds pas mon temps à plaindre ceux que l’on fit périr ; ils vivaient, c’étaient donc des condamnés à mort. Malheureusement, on fit tomber avec eux des institutions promises, par nature, à de plus longues destinées.