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appendice i

toi ! Mais ils s’avancent, ennemis des prétentions, des ambages vains ; simples, usant des mots qui sont entendus de chacun, celui-ci grave, un autre plus riant ou plus familier, tous des fruits à la main, la tête ceinte de couronnes, mus par une raison aussi générale que toi.

Des hommes, ô Minerve ! des hommes conscients autant que soucieux, de ce qui leur manque, dévorés du sacré désir. Que d’autres, moins pieux ou moins réfléchis, t’aient donné pour prison une case de leur pensée, qu’ils t’enferment en un point du temps, ou dans un lieu du monde ! Entends mieux nos propos : c’est la vie, la vie toute entière et non un fragment de la vie, toute science, et non telle science unique, tout art, toute morale, toute rêverie, tout amour qui te sont exposés afin que tu leur marques la cadence de l’univers.


ii

Bien plus tôt qu’on ne l’a écrit, et beaucoup au delà des temps qui lui sont assignés, ton histoire, ô déesse, te révèle l’amie de l’homme. De tous les animaux qui étaient épars sur la terre, tu connus qu’il était sans comparaison le plus triste, et tu choisis ce mécontent pour en faire ton préféré. Déesse, tu rendis sa mélancolie inventive ; il languissait, tu l’instruisis, tu lui montras comment changer la figure d’un monde qui lui déplaît.

Une bonne nourrice sait endormir la plainte de son petit enfant ; ainsi tu fis des pauvres hommes. Que de jouets tu fis descendre de la tête de Jupiter ! Les poètes n’ont oublié ni le feu de ton Prométhée, ni l’olive athénienne, ni les ruses de guerre suggérées aux héros, ni ta