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l’illusion

nes disparaîtront. Le flot de notre fortune monte toujours. Le règne de l’Esprit sur les multitudes s’annonce, le Dieu nouveau s’installe sur son trône immortel. Rangés sous les pieds de ce monarque définitif, les Forts des anciens jours, les débris des pouvoirs matériels détruits, ceux qui représentaient soit l’énergie brutale, soit la ruse enrichie, soit l’héritage perpétué de l’une ou de l’autre ou de leur alliance, les dominateurs foudroyés en sont à attendre les ordres que leur dicte notre Sagesse. En lui faisant la cour, en devenant nos plus diligents serviteurs, ils espèrent se laver des crimes passés. Voilà qui vaut mieux que le rêve des premiers poètes. Le fer du glaive n’est point changé en fer de charrue : l’instrument se met au service d’un peu de substance pensante, il obéit aux injonctions de notre encre d’imprimerie. N’en doutons plus, rendons justice à l’aurore des temps nouveaux. »

— Et ce n’est qu’évidence pure ! » ajoute le simple docteur, qui n’est point seul dans sa croyance : des esprits aussi dénués de candeur que M. Georges Clémenceau osent écrire, peuvent écrire « que la souveraineté de la force brutale est en voie de disparaître et que nous nous acheminons, non sans heurts, vers la souveraineté de l’intelligence ».

Je ne demande pas s’il faut souhaiter ce régime. La dignité des esprits est de penser, de penser bien, et ceux qui n’ont point réfléchi au véritable caractère de cette dignité sont seuls flattés de la beauté d’un rêve de domination. Les esprits avertis feront la grimace