Page:Maurras - L’Avenir de l’Intelligence.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
un théoricien de la monarchie

bien observé — notre nation, idolâtre des qualités personnelles, se prosternerait, je demande, dis-je, qu’on y place le gros Monsieur, puis M. le comte d’Artois, ensuite ses enfants et tous ceux de sa race, par rang de primogéniture : attendu que je ne connais rien qui prête moins à l’enthousiasme et qui ressemble plus à l’ordre numérique que l’ordre de naissance, et conserve davantage le respect pour les lois, que l’amour pour le monarque finit toujours par ébranler.

Cette observation assez fine est suivie d’une vue plus fine. Boisgelin, parlant en philosophe politique, vient à dire que, somme toute, la royauté légitime, qui est le plus personnel de tous les gouvernements, est aussi celui qui se ressent le moins des défauts de la personne du roi. « Je m’inquiète peu, comme vous le voyez, de l’union qu’il pourrait y avoir entre ses bons sentiments et ses mauvaises actions. »

Tout autre prétendant que Louis xviii devient en conséquence un usurpateur aux beaux yeux de Mlle de Coigny :

« — Vous avez raison : ou Bonaparte ou le frère de Louis xvi. Eh bien, vive le Roi, puisque vous le voulez. Mon Dieu, que ce premier cri va étonner ! On dit qu’il n’y a que le premier pas qui coûte : le premier mot à dire sur ce texte-là est bien autrement difficile… Allons, vive le Roi ! »