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le romantisme féminin

si le collège des vestales de Mitylène n’a pas lui-même son emploi dans les vues d’une prévoyante nature ? Ces petites filles nous gardent ce feu sacré des sciences de l’émotion, que laisserait éteindre l’activité dispersée de tant d’autres femmes !

« C’est par un repli continuel des âmes muettes, par une vie intime, un peu recluse, ainsi longuement concentrée, que jadis se perfectionna, comme autour d’un rouet qu’on se passait de mère en fille,

          Œuvre de patience et de mélancolie,

le grand art des soins nuancés, des infinis scrupules et des alarmes délicates, qui fut le privilège du sexe éloigné du combat : il vivait retenu dans une inquiétude éternelle sur le sort de la lutte engagée au dehors. Troublée comme le soir, ignorante comme la nuit, elle attendait au coin du feu ou guettait du haut de la tour. L’inactivité féminine, grande source de rêverie, d’affinement et de passion ! D’ici cent ans, l’entrepreneuse, l’avocate et la députée riront des vaines toiles d’Arachné et de Pénélope. Tout sera abrégé en elles, succinct, simplifié. Oh ! elles sauront tout ! Quelle barbarie, quel désert, si elles ignorent leur âme et se trompent sur leur destin ! Et, par contre, quelles délices qu’il jaillisse en un coin quelque fraîche fontaine de timide et rêveuse féminité ! Là se retrouveront ces douces vibrations sans cause précise, ces émois ressentis pour le simple amour de leur grâce et de leur beauté ! Le bonheur sera de courir s’y consoler de l’aridité générale.