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le romantisme féminin

en fût venue, peut-être l’eussent-elles rejetée avec indignation par fidélité au secret.

Oui, le vrai féminin, c’était bien de se cacher éternellement. Celle qui avoue et qui déchire la draperie voluptueuse sacrifie quelque chose de son sexe à son art. Le sphinx se défigure au moment où il se révèle. Tous ces beaux prétextes, vérité, audace, bravoure, ne conviennent plus. Il n’y a qu’une trahison. En souffre toute femme ainsi livrée et profanée par ses sœurs écrivantes. Tel est, du moins, sur ce sujet, l’avis du grand nombre des hommes. Les femmes ne sauront jamais quel trésor de pudeur tout homme aime à concevoir à leur occasion. Il a souffert à cette place imaginaire. Il en a jeté les hauts cris. Tandis que les femmes discutent si c’est vrai (les plus intelligentes, alarmées bien plus que choquées de voir donner la clef de leurs complications), nous nous demandons uniquement si c’est bien. Un critique d’université s’est même caché la face ; cette libre poignée d’aveux insultant à la délicatesse du monde, on était bien hardie de les avoir signés tout crus !

M. Gaston Deschamps, qui a grand besoin qu’on le renseigne, n’a pas pris garde au caractère des hardiesses qui l’ont surpris. Où il nota des aberrations profondes, il aurait pu apercevoir de simples naïvetés. Où il observa l’égarement d’une conscience coupable, sévit, tout simplement, la notion romantique de l’art. Mme de Noailles et les trois criminelles impliquées au même procès ont adopté l’esthétique du caractère, celle-là même que leur exposait M. Gaston Deschamps,