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leur principe commun

entre les hommes qui sont hommes, peuvent être dites impossibles d’homme à femme et, bien plus encore, entre femmes. Le plus général des sujets ne manquera jamais de les jeter rapidement aux abîmes de leur personne singulière ou du privé d’autrui. Les raisons de ce caractère ne sont pas simples. Un philosophe féminin d’une rare lucidité qui signe du pseudonyme de Fœmina dans quelques journaux parisiens, en a donné cette raison très forte, que la vie intérieure de la femme est, au physique, à l’organique, plus intense que la nôtre. La conscience de la femme ne se fait le centre du monde que parce que la femme est continuellement rappelée dans son corps. Des sensations profondes et souvent douloureuses déterminent ce sentiment. C’est un perpétuel Je souffre, donc je suis. Tant de sacrifices et tant de tributs rigoureux qui lui sont imposés par la loi de son être la contraignent à des replis sur elle-même[1] Enfin, sévit entre elles cette concurrence amoureuse qui les oblige à se distinguer le plus nettement possible l’une de l’autre et, tant au moral qu’au physique, à se connaître, à s’interroger, à se surveiller, à souligner, avec une attention sans bornes, tous les traits susceptibles de leur donner un aspect défini et particulier.

  1. Il faut détacher d’un article de Fœmina cette note sur la vie intérieure et la rêverie chez les femmes. « Cet état comporte un engourdissement périphérique où s’amortit la sensibilité des parties du corps qui sont en contact avec l’extérieur ; la vie viscérale, par contre, y gagne une excitation ; le cœur rejette son sang avec plus de force et le fonctionnement cérébral est plus vif. » (Gaulois du 14 janvier 1900.)