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Le génie féminin.


Cette dépression générale a conduit à écrire les mots de décadence et même de dégénérescence. Mots violents qui escomptent trop certainement l’avenir.

Au lieu de dire que le romantisme a fait dégénérer les âmes ou les esprits français, ne serait-il pas meilleur de se rendre compte qu’il les effémina ? Hugo lui-même, qui nous fut donné pour le type de l’homme sain et de la nature virile[1], n’échappe pas à ce caractère, si, au lieu de considérer le siège de la volonté et de la puissance, on prend garde à son tour d’imagination. Elle fut féminine, en ce qu’elle se réduisit à une impressionnabilité infinie. Elle sentit, elle reçut, plus qu’elle ne créa. Le génie de Hugo tient surtout au nombre et à la vivacité des sensations qu’enregistre sa mémoire et qui entrent en mouvement les unes par les autres. C’est le voyant, c’est l’entendant, par excellence. Il est donc mené par les sens. La manière dont il compose et distribue ses images ne saurait être comparée à la magnificence de chacune d’elles. La faculté par où se trahit la vigueur de l’esprit, le choix,

  1. Comment M. Jean Carrère, dans ses Mauvais maîtres, a-t-il pu faire cette erreur ?