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l’avenir de l’intelligence

vrira la nuit que pour la refermer, s’ils n’essayent d’y concentrer en des institutions un peu moins éphémères qu’eux le battement furtif de la minute heureuse qu’ils auront appelée sagesse, mérite ou vertu. Seule, l’institution, durable à l’infini, fait durer le meilleur de nous. Par elle, l’homme s’éternise : son acte bon se continue, se consolide en habitudes qui se renouvellent sans cesse dans les êtres nouveaux qui ouvrent les yeux à la vie. Un beau mouvement se répète, se propage et renaît ainsi indéfiniment. Si l’on veut éviter un individualisme qui ne convient qu’aux protestants, la question morale redevient question sociale : point de mœurs sans institutions. Le problème des mœurs doit être ramené sous la dépendance de l’autre problème, et ce dernier, tout politique, se rétablit au premier plan de la réflexion des meilleurs.

Je n’ai pas essayé de résoudre ici ce problème. Je l’ai supposé résolu. J’ai supposé ma solution démontrée, ou, pour mieux dire, mes démonstrations connues[1]. Je me suis appliqué simplement à rendre

  1. Mon ami M. Lucien Moreau me fait l’honneur de réunir en un corps d’ouvrage, qui paraîtra bientôt, l’ensemble de ces démonstrations aujourd’hui dispersées dans l’Enquête sur la Monarchie de la Gazette de France et à l’Action française. [La publication de ce grand travail fut annoncée à la Bibliographie de la France ; elle fut ajournée lors de la transformation de la revue l’Action française en organe quotidien. Ce souvenir me donne enfin l’occasion d’adresser le témoignage de ma gratitude profonde à mon