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iv

LA COMTESSE DE NOAILLES


Grecque et roumaine d’origine, née à Paris, élevée en France, devenue Française par son mariage, Mme de Noailles a dédié le premier recueil de ses vers « aux paysages d’Île-de-France, ardents et limpides, pour qu’ils les protègent de leurs ombrages ». Elle s’est écriée, dès la première pièce, « ma France ! » et cette prise de possession forme un petit hymne au « pays ». « Les chansons de Ronsard », « le cœur de Jean Racine », sont invoqués d’un accent qui ne manque pas de piété. Mais le même livre a pour titre « le Cœur innombrable », et cette alliance violente d’un adjectif avec un nom qui n’est pas fait pour lui sentait son étrange pays et ne laissait pas d’inquiéter.

L’inquiétude se confirme par la suite du livre ; on ne tarde pas à s’apercevoir que, si Racine et Ronsard sont aimés ici, ils n’y sont aucunement préférés. Le suffrage qu’on leur accorde est très partagé. Une petite âme gloutonne s’est contentée de les convier à la posséder, en commun avec une nombreuse société de poètes inférieurs. Les véritables favoris sont bien plus récents et moins purs. Pour la quatrième fois,