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le romantisme féminin

à mon avis, n’ont été rendues plus sensibles, par la magie du chant, certaines cruautés pénétrantes et définitives du sort, exactement reflétées en certaines âmes. Écoutez cette amante dessécher, flétrir à l’avance, les charmes dont elle est encore enivrée. De femme à femme c’est Tessence du diabolique et de l’exquis !

      Les yeux attachés sur ton fin sourire,
      J’admire son art et sa cruauté,
      Mais la vision des ans me déchire
Et, prophétiquement, je pleure ta beauté.
Puisque telle est la loi lamentable et stupide,
      Tu te flétriras un jour, ah ! mon lys !
      … Tes pas oublieront le rythme de l’onde,
      Ta chair sans désirs, tes membres perclus
      Ne frémiront plus dans l’ardeur profonde,
L’amour désenchanté ne te connaîtra plus.

De pareils vers pourraient suffire à l’honneur d’un poète. L’Anthologie éternelle les sauvera. Je ne sais pas beaucoup d’accents plus directs et plus sûrs.

      Tu te flétriras un jour, ah ! mon lys !

Cette image et ce rythme, pour un tel cri, c’est la passion pure, dans la plus intelligente perversité.