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le romantisme féminin

ment imitable. Mais quelques vers de Renée Vivien font mieux que de répéter Verlaine, ils le renouvellent. M. Gaston Deschamps, qui prit du Gregh pour du Verlaine, serait excusable de faire la même confusion ici : n’est-ce pas l’auteur de Jadis et Naguère qui murmure de cette voix éteinte où brûle un feu couvert :

Sa chair de volupté, de langueur, de faiblesse…

J’ai trouvé ce vers dans Cendres et Poussières. Le vieux faune sentimental des Fêtes galantes et de Parallèlement reconnaîtrait chez Renée Vivien beaucoup plus qu’une élève, certainement une des Sœurs, une de ces Amies terribles qu’il a chantées.

Quant à Baudelaire, il lui dirait : « Ma fille », aux premiers regards échangés. Baudelairisme profond, central, générateur. Il serait inutile de nous en tenir à des remarques de détail et de noter par exemple que

L’art délicat du vice occupe tes loisirs

est un vers qui semble tiré d’une édition infernale des Fleurs du Mal, revue et augmentée sur la berge du Styx, si les poètes continuent d’y faire leurs toiles. Même appareil verbal. Même tour. Mêmes tics. Mais le pastiche peut y atteindre. Ce que l’on ne pastiche pas, c’est la manière de penser.

Un poème en prose, que l’on trouvera à la fin de Brumes de Fjord et qui n’a rien qui soit brumeux, résume en perfection de quel esprit général est ani-