d’erreurs sur ce prénom lentement dévoilé. Il faut les avertir que Renée Vivien n’est qu’un pseudonyme, qui n’a d’ailleurs rien de très secret, paraît-il. De nombreux Parisiens ont vu le jeune auteur de Cendres et Poussières et, remarquant sa taille souple, sa démarche ondoyante, les indiscrets assurent qu’elle a composé les plus beaux vers devant son miroir. Ce Narcisse en cornette n’aurait adressé qu’à lui-même l’Invocation :
… Ton visage est pareil
À des roses d’hiver recouvertes de cendres…
On lui rapporte également la Dédicace :
… Ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume…
Erreur d’optique ou confusion, je ne dis que ce que l’on dit. On ajoute que Renée Vivien est une étrangère, pétrie de races différentes, née de climats aussi divers que le Sud et le Nord. La moitié de ses Brumes est « traduite du norvégien ». Elle cite Swinburne, mais ne paraît pas moins familière avec le latin de Catulle et le grec de Sapho, qu’elle traduit et paraphrase à tout instant. Le français dont elle use est, prose ou vers, d’une fluidité remarquable. Ni impropriété dans les mots ni méprises dans l’euphonie. Elle connaît que l’e muet fait le charme de notre langue. Elle joue avec ce vers de onze syllabes, que Verlaine tenait pour le plus savant de tous ;
Douceur de mes chants, allons vers Mitylène…