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l’ordre positif d’après comte

lancé au Tribunal révolutionnaire sa réponse : « Ma demeure ? Demain dans le néant, et mon nom au Panthéon de l’histoire[1] ! » Comte observe ce qui nous émeut et ce qui nous règle : il le médite, l’analyse, le généralise et le codifie.

Le culte qu’il ajoute au dogme et à la morale de sa religion n’est que le développement du culte catholique, et c’est sans doute ce qui en fait, au premier abord, la bizarrerie. Ces invocations, ces confessions, ces effusions, ces neuf sacrements, ce calendrier dans lequel les jours et les mois de l’année sont consacrés aux « grands types de l’humanité », prennent tantôt l’aspect d’un décalque tout pur et tantôt celui d’une charge. De même, les anges gardiens (la mère, la fille, l’épouse, qui sont aussi nommées déesses domestiques), l’utopie de la Vierge-Mère, le sacerdoce, le temple de l’Humanité. De même, l’établissement du pouvoir spirituel présidé par un grand-prêtre de l’Humanité, pape de l’avenir. Eh ! le rituel du catholicisme ne doit-il pas aussi au rituel des religions qui l’ont précédé ? Toutes les institutions religieuses qui ont vécu ont tiré leur substance de devanciers immédiats. Celui qui regarde de près les rêves d’Auguste Comte saisit promptement les raisons de chaque rite ou de chaque observance. Ici, la critique se borne à cette observation qu’il n’y a guère exemple d’un culte ainsi organisé d’un jet dans une seule tête ; encore y a-t-il réponse à cela : les prémisses de Comte une fois posées,

  1. Émile Antoine, Revue occidentale du 1er mars 1893.