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ii

L’ORDRE POSITIF D’APRÈS COMTE


Était-ce une chimère ?

Quand Jundzill écrivit à Comte, il y avait exactement vingt-cinq années que le philosophe poursuivait son programme de réorganiser, en effet, sans Dieu ni roi[1].

Plus que Jundzill et plus sans doute que personne, le jeune Auguste Comte avait senti les blessures de l’anarchie et les tares qu’elle nous laisse inévitablement : rien ne marque mieux la noblesse de cet esprit et le sang latin de sa race que la vigueur de sa réaction contre un si grand mal. Comme il le dit dans son Testament, il était né à Montpellier, sous le Peyrou de Louis xiv, « d’une famille éminemment catholique et monarchique » ; mais depuis le milieu de son

  1. Les mots de royauté et de roi ont chez Comte une acception bien définie : ils veulent dire roi et royauté de droit divin. À proprement parler, ni Louis xviii, ni Louis xiv, ni Henri iv, ni Louis xi ne sont pour lui des rois. Il les appelle plusieurs fois des dictateurs, pour marquer qu’il n’y a rien de commun entre leur genre d’autorité et la souveraineté théologique des princes du moyen âge. Les positivistes qui m’ont fait là-dessus une aigre querelle ont montré qu’ils ne connaissaient pas leur auteur. Voyez l’Appendice n° ii.