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auguste comte

tiques ! » dit-elle avec dédain. Elle croit nous dicter un Impératif catégorique et absolu. Son bâtiment ne dure qu’au moyen de quelques calembours honorables, qui recouvrent tant bien que mal les liens réels et forts par lesquels ces esprits tiennent, sans le savoir, à la doctrine qu’ils se flattaient d’abandonner. Si quelques têtes faibles nous ont fourni la preuve de leur mollesse en acceptant le désordre en haine de Dieu, celles-ci manifestent un genre équivalent d’impuissance : après avoir rompu avec l’Idée de Dieu, elles n’ont su ni presser ni examiner toutes celles de leurs idées qui s’appuyaient sur cette idée centrale ou qui en dérivaient. Il n’y a point d’accord entre leur négation fondamentale de l’Absolu divin et leur affirmation non moins fondamentale de la Conscience morale absolue, qui n’est elle-même qu’un Dieu anonyme et honteux. Ils quittent le Dieu des théologiens et ne prennent pas garde qu’en acceptant, selon Rousseau et les Allemands, la souveraineté de leur Conscience individuelle, ils ne font que s’adjuger à eux-mêmes les anciens attributs de Dieu.

— Si vous croyez à l’Absolu, soyez franchement catholiques, criait à ces gens-là un Charles Jundzill.

« Si vous n’y croyez pas, il faut tenter, comme nous le tentons, de tout reconstruire sans l’Absolu : à moins, toutefois, que le prêtre n’ait raison contre nous, comme il a raison contre vous, et que cette réorganisation ne soit une pure chimère… »