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auguste comte

hommes de ma génération qui, sans être positivistes au sens propre du terme, peuvent, en pareil cas, se souvenir de la morale et de la logique de Comte.

S’il est vrai qu’il y ait des maîtres, s’il est faux que le ciel et la terre, et le moyen de les interpréter, ne soient venus au monde que le jour de notre naissance, je ne connais aucun nom d’homme qu’il faille prononcer avec un sentiment de reconnaissance plus vive. Son image ne peut être évoquée sans émotion.

Ce petit vieillard émacié, aux yeux doux, dont le masque rappelle Baudelaire et Napoléon, a réuni de grandes et précieuses ressources contre nos faiblesses soudaines et les trahisons du destin. Je ne suis pas de ceux qui se récitent quelques-unes des formules de Comte en les accompagnant de signes de cabale et de religion ; mais, familiarisé avec elles depuis longtemps, je ne puis donner à aucune un sens indifférent. Les plus abstraites en apparence me touchent, en passant, d’une magnétique lumière.

À demi-voix, dans le silence de la nuit, il me semble que je redis des syllabes sacrées :

« Ordre et Progrès.

« Famille, Patrie, Humanité.

« L’Amour pour principe et l’Ordre pour base ; le Progrès pour but.

« Tout est relatif, voilà le seul principe absolu.

« Induire pour déduire, afin de construire.

« Savoir pour prévoir, afin de pourvoir.

« L’esprit doit toujours être le ministre du cœur, et jamais son esclave.