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l’avenir de l’intelligence

Imaginez d’ailleurs que l’intelligence française comprenne bien deux vérités : — ni elle n’est, ni elle ne peut être la première des Forces nationales, — et, en rêvant cet impossible, elle se livre pratiquement au plus dur des maîtres, à l’Argent. Veut-elle fuir ce maître, elle doit conclure alliance avec quelque autre élément du pouvoir matériel, avec d’autres Forces, mais celles-ci personnelles, nominatives et responsables, auxquelles les lumières qu’elle a en propre montreraient le moyen de s’affranchir avec elle de la tyrannie de l’Argent.

Concevez, dis-je, la fédération solide et publique des meilleurs éléments de l’Intelligence avec les éléments les plus anciens de la nation ; l’Intelligence s’efforcerait de respecter et d’appuyer nos vieilles traditions philosophiques et religieuses, de servir certaines institutions comme le clergé et l’armée, de défendre certaines classes, de renforcer certains intérêts agricoles, industriels, même financiers, ceux-là qui se distinguent des intérêts d’Argent proprement dits en ce qu’ils correspondent à des situations définies, à des fonctions morales. Le choix d’un tel parti rendrait à l’Intelligence française une certaine autorité. Les ressources afflueraient, avec les dévouements, pour un effort en ce sens. Peut-être qu’une fois de plus la couronne d’or nous serait présentée comme elle le fut à César.

Mais il faudrait la repousser. Et aussi, en repoussant cette dictature, faudrait-il l’exercer provisoirement. Non point certes pour relever un empire