Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée
xcv
l’esprit du mal

se voyait contraint de crier que la défense nationale était actuellement la forme la plus impérieuse de la défense républicaine. M. Vallée proclamait, le même jour, dans la Marne : « Il y a quelque chose au-dessus de la République, c’est la défense et la conservation de la Patrie. » L’avant-veille, un autre sénateur, M. Henry Bérenger, avait posé la distinction et l’opposition en termes plus crus, « La France… n’acceptera définitivement la République que si la République ne favorise pas la désorganisation de la France. » — Plus loin : « Le devoir s’impose donc au Parlement, s’il veut maintenir la République, de refuser toute compromission avec les alliés officiels du drapeau noir et de l’antipatriotisme, » Pour mieux serrer sa pensée, Bérenger accouchait de la forte maxime : « La République a pu vaincre, non sans des luttes pénibles, les partis monarchiques et le parti clérical. Il lui reste à se vaincre elle-même ou à disparaître. »

Se vaincre elle-même ! Le système politique chargé de faire vivre la nation contient donc un ennemi de cette nation ? Il lui faut vaincre l’ennemi intérieur pour remplir le premier de tous ses devoirs, qui est de repousser l’ennemi du dehors ; il lui faut lutter contre son moi avant d’aller contre la Prusse ? Son « moi » secret est donc l’allié du Prussien ?

Les mêmes inquiétudes apparaissaient dans les articles d’un jeune écrivain républicain inquiet, qui n’est pas sénateur comme Bérenger, mais