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préface de la deuxième édition

les fortes têtes du mouvement républicain national commençaient à n’être plus très certaines d’avoir faison contre M. de Selves, contre M. Anatole France, contre nous-mêmes. Leur inquiétude s’exprimait au travers du plus fallacieux des chants de triomphe.

Il eût été beaucoup plus sage que MM. Pichon, Étienne, Barthou, Poincaré, Millerand, toutes ces créatures d’un même mouvement, tous ces fonctionnaires d’une même idée vraie, s’occupassent de faire aboutir ce mouvement en suivant l’idée jusqu’au bout. Il leur eût appartenu de réaliser ce que Méline et Hanotaux (ces Poincaré-Barthou de 1896), ont manqué avant eux, Ceux-ci l’avaient manqué faute de savoir et de voir. Mais eux ! Avec tous les exemples de l’histoire de leurs aînés, avec les souvenirs de leur propre aventure, avec les clartés du programme royaliste qu’ils empruntaient, avec toutes les facilités du pouvoir, comment en étaient-ils à rédiger en ces termes affirmatifs de simples désirs ou des rêves, à mettre au temps présent leurs vues optimistes sur le futur, à contredire jusqu’au son de l’heure même où tout commençait d’ébranler cette chimérique espérance ?

Leur cantique insensé est de la mi-avril 1913.

Cinq semaines plus tard, tous les voiles se déchiraient, l’identité hautement invoquée entre la patrie et la République tombait de toutes parts. Le 21 mai, à la Chambre, devant les faits nouveaux qui venaient de se produire, M. Barthou