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l’esprit du mal

pétuel, plus que ministre même, comme Warwick était plus que roi, voulut enchérir sur Étienne. Fort de son inviolabilité personnelle et de l’impudence particulière au peuple juif, il déclara : « Ces erreurs et ces fautes ne se sont produites que dans la politique intérieure de la République ; le pays n’en a pâti qu’au dedans ; mais jamais la France, sous la République, n’a été atteinte, au dehors, par la faute de la République, comme elle l’a été en d’autres temps, sous les gouvernements personnels, dans sa force et dans son prestige ! »[1] Un peu plus modeste ou moins hardi, le ministre des Affaires étrangères M. Pichon, jura que « notre régime, si décrié par ses ennemis », était « capable » « de subordonner ses intérêts de parti à l’intérêt suprême de la patrie ». Ah ! vraiment, il en est capable ? Sous les veux du monde ironique, la production de ce paradoxe de démocrate, qui eût fait figure d’inavouable truisme chez tout représentant d’un gouvernement régulier, fit juger que

  1. Ce discours de M. Reinach, paru au Temps du 14 avril 1913, fut loué sans restriction dans le Temps du lendemain 15 par M. André Tardieu. Or, les louanges prodigués à ces contre-vérités sont incluses au même article, cité plus haut, où M. Tardieu écrivait : « M. Pichon… était au quai d’Orsay à l’heure où la guerre a été le plus menaçante — en octobre 1908 — et il sait ce qu’il en peut coûter à ces heures-là de n’être pas assuré militairement quand on a la lourde charge d’agir diplomatiquement. Voilà comment la République n’a « jamais été atteinte du dehors ! » On se demande : avec quoi tout ce monde-là pense-t-il ? Est-ce avec sa moelle épinière ? Un encrier renversé tracerait des paroles plus raisonnables.