hypothèques prises par lui sur les quatre faces de l’avenir, s’il est vrai que toutes sont ignobles et conduisent à l’abaissement de la patrie, aucune ne trompe l’intérêt personnel et alimentaire de ses auteurs. Aussi séduisent-elles bon nombre de radicaux et de radicaux-socialistes, — la « jeunesse » du Vieux parti. Le génie opposant et l’esprit de contradiction propre à la nature du démocrate a retrouvé son élément vital dans cet élan nouveau donné tout d’un coup aux intérêts et aux sentiments antimilitaires[1]. C’est pourquoi les bonnes résolutions de l’année précédente ont craqué toutes à la fois, les bons propos se sont débandés, pour les motifs les plus simples, les plus grossiers et les plus faciles à prévoir.
Mais, éternel enfant qui chante dans la nuit pour se donner du cœur, c’est l’instant que choisit le Gouvernement pour formuler les prétentions les plus sensiblement contraires à sa structure profonde et à la crise qu’il traversait. La cérémonie annuelle des Jardies, en commémoration de Gambetta, fournit l’occasion d’attaquer un air de bravoure ! Le ministre de la Guerre Étienne vanta « la continuité d’action » de la République, malgré la composition (« souvent si diverse ! ») de son personnel dirigeant. Joseph Reinach, sorte de ministre sans portefeuille et per-
- ↑ En juillet 1913, nous avons eu l’amer plaisir de revoir jusque dans l’Action de M. Bérenger, qui était devenu ultrapatriote, des déclamations contre le militarisme et les traîneurs de sabre.