dait hommage à la vigueur de l’opinion patriotique. Mais il la minait de toutes ses forces. Après tout, pourquoi pas ? L’opinion faite, l’opinion nantie et devenue maîtresse du gouvernement a-t-elle le droit d’étouffer l’opinion à nantir et qui se fait ? De très abondantes contributions matérielles sont assurées du dehors à l’opinion antipatriote ; l’Étranger prend trop d’intérêt à ce que nous soyons divisés et faibles pour cesser de soutenir l’opinion qui affaiblit notre esprit public. L’afflux des étrangers à Paris, une garnison de plusieurs milliers de Juifs russes, galiciens et roumains, tous révolutionnaires, qui campent au Marais, aux Gobelins et à la Glacière depuis l’affaire Dreyfus, ajoute aux subsides financiers un certain appoint de militants armés, ceux que l’on a vus opérer en 1909 à l’assaut de l’ambassade d’Espagne et que l’on a revus en 1913 au Manège du Panthéon. Ces militants suffisent pour conserver un reste de vie à la doctrine des « vive l’Allemagne » et des « À bas la patrie ». Or, celle-ci devait soutenir et encourager le centre et la droite des unifiés.
Les parlementaires d’extrême-gauche devaient aussi trouver un avantage personnel à seconder énergiquement, et coûte que coûte, le mouvement antimilitaire. Ils reprenaient contact avec les organisations révolutionnaires, dont l’avant-garde avait fini par se détacher d’eux. Ils employaient à leur service une idée basse et lâche, mais courante, qui fournissait à leur agitation la force