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l’esprit du mal

eux, par l’effet de leurs cris confus et leur agitation de filles furieuses, l’objet de la discussion se déplaça : on ne contestait plus de la valeur ni de l’utilité de certaines mesures pour la patrie, on ne traitait que du mérite des patriotes avoués, de la sincérité des patriotismes mis en comparaison : tout le débat se réduisit à savoir en un mot si le préopinant était aussi patriote que l’opinant. C’est sur ce petit point que, par l’art oratoire, on se foudroya.

— … Vous manquez de patriotisme

Je suis aussi patriote que tous

Ces misères feront comprendre pourquoi nous conseillions aux écrivains de la réaction poincariste de ne pas abuser de l’étalage des bons sentiments et pourquoi nous disions qu’il importait de substituer méthodiquement aux explosions du bon cœur français l’étude des moyens de réorganiser notre France ? Ce n’était pas mépris ni sécheresse, mais désir d’un ouvrage utile. On a enivré les Français du doux spectacle de la générosité de leur âme. La question n’est pas là. La question, c’est d’armer, d’exercer et de protéger cette âme si belle. Ni l’idée et l’amour de l’unité française, ni l’idée et l’amour de la patrie française ne suffisent à réaliser l’unité ni à servir effectivement la patrie. Seul, le gouvernement de la parole et de la plume peut encore se leurrer de cette fumée vénéneuse.

Le patriotisme tribunitien exhumé par les chefs révolutionnaires de leurs magasins d’autrefois ren-