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l’esprit du mal

irrésolus. Les circonstances difficiles créeront des adjuvants et des stimulants nouveaux pour leur intrigue, Tandis que les Français loyaux s’imposaient, après Agadir, une réserve dont on a vu plus haut la rigueur, il était naturel que les patriotes conditionnels tinssent une conduite tout opposée ; les étrangers du dedans et les séditieux à leur solde, voyant s’élever leurs facultés de tout entreprendre, devaient essayer de mettre l’aventure à profit. S’ils apercevaient mieux le point faible de l’État, leur indifférence à la cause française les dégageait de l’embarras sur le choix du moment et celui des moyens. À la renaissance du patriotisme devait, par conséquent, répondre comme un renouveau révolutionnaire. L’effort cosmopolite est appelé à grandir assez promptement. On ne voit pas ce qui l’empêchera de dominer bientôt les partis républicains, lui qui, au fond, ne diffère en rien de la République. Pas plus que lui, la République, dans l’esprit de ses fondateurs et de ses logiciens, n’admet ni armée, ni famille, ni classes, ni épargne, ni propriété, ni ordre, ni patrie, rien enfin qui soit national ou social. Le point de départ des républicains les induit à laisser complaisamment se réaliser le programme révolutionnaire, sinon à le réaliser d’eux-mêmes. La démocratie vénère obscurément l’anarchie, comme son expression franche, hardie et pure. Quand le malheur des temps l’oblige à la combattre, elle en subit secrètement la fascination, et c’est toujours de ce côté qu’elle tombera dès