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AVERTISSEMENT
POUR LE TROISIÈME TIRAGE


La préface écrite pour la deuxième édition de ce livre porte, à sa page CVIII, sa date : 25 juillet 1913. Le nouveau Kiel et Tanger a paru le 23 août suivant. Mais, depuis, les conclusions de cette analyse de la politique extérieure de la République ont été vérifiées rigoureusement ou cruellement aggravées par la suite naturelle des destinées de ce régime.

À l’automne de 1913, l’historien Edmond Barthélémy, du Mercure de France, me jugeait un peu prompt à déclarer la faillite de l’expérience Poincaré. Mais au 1er janvier, il s’avouait vaincu par l’évidence : « Qu’au bout de quarante ans et plus la République en soit là, à gouverner révolutionnairement, c’est à se demander si elle peut durer autrement ! » Les écrivains qui avaient pris en pitié mon inquiétude ou qui parlaient avec hauteur de mon pessimisme, M. Henry Bérenger, le comte de Lanessan se montraient plus inquiets et plus pessimistes que moi. Je m’étais proposé de répondre à leur critique de septembre et d’octobre. Il suffira de lire leurs lamentations de janvier.

En effet, la chute du second cabinet formé par M. Poincaré (2 décembre 1913) a fait réfléchir tout le monde. Sans parler des crises et des scandales intérieurs qui se sont succédé, de la rébellion du général Faurie à l’assassinat de Gaston Calmette par la femme d’un ministre en fonctions, il a fallu s’apercevoir que, en moins d’une année, le portefeuille des Affaires étrangères venait de changer de titulaires quatre fois ! Il a fallu constater, au dehors, pendant le même temps, les progrès de l’Allemagne dans l’Europe méridionale, son essai d’installation à Constantinople, son invasion de l’Asie turque, les accords européens pour le Bagdadbahn, où la France a été éliminée, diminuée, expropriées. selon le langage du Temps (17 février 1914) et parallèlement à notre « éviction », à notre « disparition » de ce beau domaine, les voies d’accès et d’influence de l’Afrique équatoriale ont été partagées entre l’Allemagne et l’Angleterre aux dépens de deux Républiques, la Portugaise et la Française ; la Triple Alliance a été étendue à la Méditerranée, où l’Autriche et l’Italie prennent un essor plus hardi…

Devant ces déceptions, M. Hanotaux a pu s’écrier dans la Revue hebdomadaire du 4 avril 1914 « les incertitudes de l’heure présente