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préface de la deuxième édition

s’unirent sur le principe : pas d’action gouvernementale, sans discussion dans le pays. Jaurès et San-

    qui ont la responsabilité du gouvernement, dépendit des mille influences qui dominent la volonté des parlementaires : Marc Sangnier a trouvé le moyen d’étendre encore ce péril en conviant les officiers et les soldats en activité de service à joindre leurs voix à la cacophonie générale. Il ne nous manquait plus que cela, en vérité ! Et l’on se demande où s’arrêtera la contagion du morbus comitialis, maintenant que le sillonisme a pu ainsi pénétrer impunément dans l’armée. Et il faut voir comme lui-même triomphe de l’« originalité » de son entreprise :

    « Originale, écrit M. Georges Hoog, qui le contesterait ? Aucun journal, aucune revue n’a jusqu’ici, en effet, songé à demander à tous les militaires, officiers aussi bien que soldats, — les plus directement, les plus immédiatement intéressés dans la question, en définitive — leur opinion sur la réforme proposée par le gouvernement. »

    « Eh ! non, certes, « aucun journal, aucune revue » n’y aurait songé, et il fallait la perversion intellectuelle de Marc Sangnier et de sa cohorte pour concevoir une idée aussi saugrenue, aussi diamétralement opposée à toutes les données de la logique et du bon sens. Les adversaires du parlementarisme, tel qu’il fonctionne sur la base du suffrage universel purement numérique, lui reprochent communément de n’assurer aucune représentation compétente et efficace aux intérêts légitimes ; mais encore, quand ils réclament cette représentation des intérêts, jamais il ne leur viendrait à l’esprit de comprendre, dans la nomenclature des intérêts à faire représenter, les intérêts militaires, dont le sort, par définition, se doit régler d’office par la volonté supérieure de l’autorité publique, sans adjonction d’un appoint représentatif quelconque. Marc Sangnier, lui, pour une fois qu’il donne à une consultation une base objective et réelle, portant sur un « intérêt » défini, va précisément choisir l’intérêt militaire : ainsi éclate l’aberration flagrante de son incurable démocratisme

    « … Mais, nous y songeons, le sophisme dont nous plaisantons de la sorte, et dont nous ne savons s’il ne mérite pas plutôt la pitié ou l’indignation, a été réfuté avec une