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préface de la deuxième édition

ou le fait des institutions jouèrent alors à leur personnel.

De par le texte des lois constitutionnelles, un moment critique approchait. Au fort de ces dures crises orientales, que l’Italie avait si savamment tirées de la Tripolitaine, on devait nous élire un nouveau président. Il aurait mieux valu l’élire à un autre moment. En monarchie, le mauvais hasard ou le crime peut seul créer des coïncidences de cette malignité. En République, la concordance pernicieuse naît de la loi écrite. La date, parfaitement connue à l’avance, de nos déménagements et transferts de pouvoir fournit une indication précieuse à l’Étranger, dont elle autorise, provoque et facilite les entreprises — comme il est déjà arrivé à la veille de l’élection Fallières, en 1905.

Quelque rôle qu’ait tenu l’Étranger dans les intrigues présidentielles de 1912-1913, la renaissance nationale républicaine y a souffert d’une vive déconsidération par la facilité avec laquelle ses plus grands chefs ont immolé tout au désir de leur promotion personnelle. On disait, par exemple, que M. Delcassé s’était indissolublement marié à notre Marine, et cette chaste épouse de sa pensée semblait devoir suffire à son bonheur en ce monde. Les esprits simples comme le mien s’en réjouissaient, parce que, malgré tout, ce ministre avait paru finir par réussir, en somme. Cependant, plusieurs occasions s’étant présentées à lui pour accéder, de la Marine, à la présidence de la