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le déclin de l’expérience poincaré

tie, et ils vivent de ce qu’ils trouvent. De toute façon, une intrigue invisible d’émissaires secrets travaillait à exciter les uns, à provoquer les autres, pour rendre aux Français la vie en commun insupportable, impossible l’activité en commun. L’opinion démocratique, même saine, est sommaire et brutale. D’elle-même, elle s’offre aux tentations de l’ennemi, faute d’y pouvoir prendre garde ou de vouloir y résister. Comment resterait-elle maîtresse de son mouvement ? Comment marcherait-elle sans être conduite et traînée ?

Pour conduire ou traîner, il eût fallu des hommes. Cette question du personnel, si elle n’est pas la plus haute de toutes, reste bien l’une des plus graves.

Suivant une habitude que l’on doit nous connaître et qui se vérifie dans ces pages mêmes, je n’incriminerai ni les intentions ni les volontés et, plutôt que de former des jugements d’ordre moral sur les décisions des personnes, j’aime mieux supposer des vues droites à tout acte normal, fût-il malheureux. Quant aux œuvres d’une utilité patriotique certaine, il déplairait beaucoup de les expliquer par des sentiments inférieurs : à tout homme de nationalité française, et de passé plus ou moins net, mais ayant montré quelque activité depuis Agadir, nous avons toujours accordé plus que l’estime et même plus que la gratitude. Pourtant, une question préalable se pose à propos des artisans de la réaction poincariste : à leur insu peut-être, est-ce qu’ils n’ont pas toujours