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préface de la deuxième édition

Arts dont nous avions pris plaisir à le décorer. Pour en faire tenir ensemble tous les éléments et pour le faire vivre, il n’y manquait plus que le Roi. Mais en ce temps-là (l’année dernière), on aimait à se déclarer « Action française sans le roi ». Ce mot, qui a couru certains milieuxt officiels, nous a été rapporté souvent. Ce qu’allait devenir le programme royal, conçu pour remonter cent vingt années de révolution et d’erreur, mais ainsi amoindri et, pour ainsi dire, tronqué de son moyen, de son royal organe d’exécution, ce fut pour nous, durant quelques mois, un digne sujet de curiosité. Curiosité sans malveillance : il ne pouvait pas nous déplaire d’assister à la mise en essai de notre programme. Curiosité sans illusion : nous savions comment tournerait cet effort insensé de disciples inattendus.

Pour que l’échec eût toute sa valeur probante et démontrât l’usage de l’outil historique dont on prétendait si cavalièrement se passer, il convenait que l’expérience républicaine se poursuivit en toute liberté, comme un essai loyal, sans coup de pouce royaliste, les événements seuls ayant Ia charge de mettre en lumière la vérité. Le patriotisme nous rendit cette réserve plus que facile.

Sans conteste possible, dès l’époque des négociations congolaises, de juillet à novembre 1911, et pendant la période d’agitation parlementaire qui précéda la ratification du traité franco-allemand, nous aurions eu des occasions de mettre le gouvernement dans un vif embarras. De