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essai loyal d’une réforme

mieux qu’aucune autre ce qui avait été rêvé sous Briand, ne garda plus aucune mesure de prudence dans son extrême application à nous refléter, et, comme nous, dans les mêmes termes, elle appela la patrie régionale et mumicipale au service de la commune patrie française ; contre tous les usages de la démocratie, sans peur de chagriner M. Joseph Reinach par d’intempestifs « réveils du passé »[1], on parla provinces, traditions, particularisme local ; le flanc de nos vaisseaux de ligne naguère étrangement timbré des noms d’Ernest-Renan, d’Edgar-Quinet, de Démocratie ou de Justice fut signé Lorraine, Bretagne, Provence. À cette religion du sol de la France, on ne craignit pas d’ajouter le culte de son histoire : les deux années 1912 et 1913 virent librement circuler à travers les rues de Paris ce cortège de Jeanne d’Arc pour lequel, aux tros années précédentes, les Camelots du Roi avaient dû affronter les batailles contre la police et la prison qui s’ensuivait. On donnait même de timides coups de sonde dans la direction des questions sociales pour essayer de les résoudre sans antagonisme de classe et abstraction faite de l’anarchisme démocratique… C’était notre programme presque au complet, reconnaissable à tous les ornements empruntés aux Lettres et aux

  1. Reinach : Le Matin du 19 avril 1895. — L’article de M. Reinach a été recueilli dans Un débat nouveau sur la République et la décentralisation, par Paul Boncour et Charles Maurras.