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préface de la deuxième édition

fussent plus ou moins agitées du désir de nous reprendre un noble dépôt, ce n’était pas niable non plus. Mais, vu et jugé à distance, leur désir n’a plus qu’une valeur historique et n’importe plus guère qu’à la chronique des intentions et des tentatives. Seulement, celle-ci présenta un vif intérêt pour la passion avide avec laquelle le monde républicain se jeta sur des idées et des formules qui plaisaient, non seulement par la mise en ordre et la mise en œuvre, mais par l’extrême convenance à la situation.

Déjà bien avant Agadir, et Jules Lemaître l’avait remarqué, certaines jeunes équipes républicaines, celle surtout qui entourait Aristide Briand[1], tendaient à souscrire à tout ou partie du programme d’Action française, dont elles jalousaient le très vif succès dans l’élite de la nation, sans en toujours saisir les raisons et les causes. Néanmoins ces tendances étaient circonscrites à de très petits groupes, elles s’agitaient dans des caves. Le réveil d’Agadir leur permit de se manifester au grand jour parce qu’elles étaient dès lors autorisées à classer nos idées comme nous les classons, par rapport à leur axe, à leur centre normal : sentiment national, intérêt national. Le patriotisme était redevenu à la mode, on n’en rougissait plus, il devenait même une manière de parure. Bientôt, l’équipe poincariste, en réalisant

  1. Y compris la Démocratie sociale, qui rage à chaque fois qu’on le lui rappelle.