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préface de la deuxième édition

Pour citer un exemple aussi tranché que possible, à peine M. Delcassé fut-il devenu ministre de la Marine, qu’il nous donna la satisfaction de mettre à profit les conseils rétrospectifs que nous lui avions prodigués : reniant la pratique d’un septennat antérieur[1], il associa l’Opinion au travail de ses directions, appela la presse dans le vestibule de ses comités techniques, organisa la grande revue navale du 4 septembre 1911, enfin convia les multitudes françaises à collaborer aux efforts de son gouvernement. Le même homme qui avait jalousement renfermé dans ses bureaux une politique susceptible d’intéresser le patriotisme français se rendait maintenant au reproche élevé par nous.

« Eh !… quoi » avait grondé le XIXe chapitre de Kiel et Tanger « votre défi à l’empereur remplit la presse européenne, y compris la russe et la turque. Et voilà qu’une seule presse, une seule opinion, en est tenue absolument ignorante, et c’est la presse officieuse de votre pays, c’est notre presse nationale ! L’opinion française est censée gouverner, et vous ne faites rien pour l’avoir avec vous. Vous ne faites rien pour émouvoir le pays et pour l’associer à votre mouvement[2]… »

Le Delcassé de 1911 voulut mettre les bouchées

  1. M. Delcassé avait été ministre des Affaires étrangères de 1898 à 1905 avant d’être ministre de la Marine en 1911 et 1912.
  2. Voir ci-dessous, page 153.