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préface de la deuxième édition

Comprenons la nécessité naturelle de cette philosophie, il n’en est pas d’autre permise en gouvernement d’opinion ; comprenons aussi quelle décadence elle dénote et multiplie, surtout quels dangers elle annonce. Au bas mot, en termes concrets, elle doit nous représenter 500.000 jeunes Français couchés, froids et sanglants sur leur terre mal défendue.

Telles apparaissant les cruautés naturelles à l’illusion inconsciente, plus naturelles encore à la fable officielle enseignée et vécue, la publication de Kiel et Tanger se présentait comme un devoir. Il fallait publier l’avertissement ou renoncer à toute pitié pour la France. Que pesait même l’appréhension du dommage causé à notre bon renom à l’étranger ! Notre figure extérieure est chose précieuse : mais avant elle doivent passer l’être réel de la patrie à garder ou à rétablir, par conséquent la destruction du trompe-l’œil politique existant, par conséquent la destruction des sophismes obturateurs dont on le protège, par conséquent l’institution d’un régime de chair et d’os animé d’un cœur d’homme, éclairé et conduit par l’humaine raison.

    à trois ans ; il y avait alerte grave en 1889 : quand M. de Freycinet réalisa la promesse de Gambetta. Il y avait alerte en 1905 (après Moukden, avant Tanger) : quand le service militaire fut réduit à deux ans. Conclusion : s’il y a alerte en 1913, il n’y a qu’à continuer dans le même sens et à réduire de plus en plus le service… C’est ainsi que l’on substitue habilement à la loi les fautes et les erreurs commises contre elle et qu’on fait prendre pour ce qui doit être ce qui a le malheur d’exister.

    (Voir à la fin du livre, p. 427, une lettre de M. Paul Boncour.)