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un gouvernement inhumain

péril immédiat ne nous menace, et à l’intérieur, la France traverse une crise d’évolution tout comme les autres puissances européennes. »

Ne pouvant parvenir à rendre les résultats de la République conformes aux lois de la raison, aux conseils de la prévoyance, on essaie d’altérer le texte de ces lois inscrites pour nous fermer les yeux sur des résultats désolants. Les phénomènes de triste insouciance et de honteuse impéritie, dont il est impossible de contester l’éclat, on s’efforce de leur conférer la reconnaissance de droit. Ils sont normaux, puisque la norme est le régime ! L’esprit du régime rejoint et égale ainsi la stupidité de son être matériel ; dès que les choses le menacent trop clairement, il prie les choses de lui apparaître couleur de nuit : c’est l’affaire d’un coùp de lancette sur la rétine. Un aveuglement théorique et volontaire confirme alors l’aveuglement pratique : les citoyens distraits ont raison de l’être, leur distraction et leur légèreté sont morales et politiques[1]. Très sages de ne pas s’instruire. Plus sages encore de s’y refuser.

  1. Depuis, un député, ancien ministre, M. Paul Boncour (séance de la Chambre du 1er juillet 1913), a développé jusqu’au bout la pratique de ce système. Pour établir qu’il n’y avait pas lieu d’augmenter le temps de service actif en dépit de l’accroissement de l’armée active allemande, il a montré que à aucun moment la République n’avait voulu recourir à cette augmentation, et bien au contraire, « quelle qu’ait été la gravité des circonstances diplomatiques, malgré les augmentations continues, croissantes, des effectifs allemands » ! Il y avait alerte européenne grave en 1882 : moment où Gambetta proposa la réduction du service de cinq