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un gouvernement inhumain

huit jours ? Aussitôt, loin de flairer l’embûche du silence et de mettre à profit les sérieux avertissements du passé, le zèle du Temps et de ses confrères républicains patriotes se ralentit, ils lâchent des articles favorables à des concessions et à des réductions ministérielles qu’ils eussent blâmées comme inacceptables trois jours plus tôt. Mais que le bruit des armes recommence à courir, depuis la Sprée jusqu’au Rhin, à travers les organes et les conseils de Guillaume II, la trompette guerrière retentit vive et chaude parmi les abonnés de M. Adrien Hébrard et, de nouveau, les statistiques font rage, les dénombrements font fureur, on croirait assister à l’épique départ pour le camp dans la pièce d’Aristophane. Et l’ardeur tombe dès que l’alerte s’apaise sur l’autre versant des Vosges. Prolongée, au contraire, l’alerte extérieure prolongera et perpétuera cette ardeur, laquelle variera exactement comme sa cause et suivra avec non moins de docilité toutes les suggestions, toutes les impulsions, toutes les directions qui seront données de là-bas.

Est-il situation moins libre ou plus servile ? Peut-on moins ressembler à une essence indépendante ? Est-il possible de se montrer plus complètement infidèle à la définition officielle d’une démocratie maîtresse de ses destinées, justement fière de se gouverner elle-même ? Le gouvernement qui fait vaciller à son gré, je ne dis pas nos armements, mais la simple velléité de nous armer, ce gouvernement n’est pas celui de la France. Aucun roi