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un gouvernement inhumain

et les Reinach, n’ayant personne au-dessus d’eux, purent donner leur plein : ils le firent voir à la France.

Gouvernement de tous par tous, disaient-ils. En réalité, leur gouvernement ou plutôt le Gouvernement de la liberté qu’ils avaient de changer à volonté de pensée et de multiplier sans risque les distractions, les négligences et les incohérences dont le pays faisait les frais, pour se faire ensuite audacieusement délivrer le mandat de travailler à les réparer, sans qu’ils eussent d’ailleurs à feindre de se mettre à cette besogne ni de se procurer des excuses ou des alibis, car le pays eut toujours autre chose à faire que d’aller contrôler si les travaux soumissionnés étaient accomplis : ce pays nerveux, occupé de ses besognes ou de ses plaisirs, divisé entre des milliers et des milliers d’intérêts contradictoires, ne repassant jamais par les états d’esprit qu’il a traversés une fois.

D’autres gouvernements ont commis des oublis fâcheux ou proclamé des amnisties utiles, mais celui-ci est composé de telle sorte que l’oubli est sa règle ; l’étourderie et l’impudeur, sa nature même ; la demi-mort de la distraction et du sommeil, sa vie essentielle, Comme disait un personnage de M. Anatole France dont nos réflexions ne font ici que paraphraser et éclaircir l’antique et véritable parole [1], la justice et l’intel-

  1. Voyez p. 61 de ce livre, en note.