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préface de la deuxième édition

ni Aristide Briand n’ont rien inventé. Ni même Reinach. M. Constans avait pratiqué avant eux la grande manœuvre, enseigné et montré l’habileté suprême des chefs de parti : il n’importe que de savoir obliquer et tourner au moment utile, Vers 1880, à l’exécution de Décrets contre les Congrégations, Constans, plus connu sous le nom de Zéphyrin et du Vidangeur, était considéré, dans le monde conservateur, comme un autre fléau de Dieu ; en 1889, nul ne s’étonnait encore de l’entendre affirmer avec sérenité « qu’il assassinait lui-même ». Mais, moins d’un an plus tard, quand il se fut approprié une partie du programme du boulangisme vaincu, il put faire appel aux classes dirigeantes, qui ne lui marchandèrent pas le zèle à servir.

Constans avait suivi le modèle donné par un certain antimilitariste de 1869 devenu grand chef de la défense nationale en 1870, Léon Gambetta. Ce Gambetta n’était lui-même qu’un élève de Thiers, sophiste intelligent et demi-grec rusé, qui, celui-là, savait la pratique et la théorie, ayant compris parfaitement les ficelles du gouvernement d’opinion. Quand, dans la jeunesse de Thiers, le régime parlementaire était tempéré par la Monarchie, on y subissait malgré tout une autorité personnelle, une mémoire humaine, et une volonté vivante, devant laquelle tout homme d’État devait rendre encore des comptes : le Roi parti, il n’y eut plus rien. Les Thiers, les Gambetta, les Constans, les Briand, les Delcassé, les Rouvier, les Clemenceau