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leur vraie valeur les desseins profonds de l’Allemagne. Avait-il seulement compris l’importance du secret qu’il laissa surprendre au sujet des propositions que nous faisait l’Angleterre d’après la dépêche historique de notre ambassadeur à Londres[1] ? Ce secret n’était connu que de lui, de M. Delcassé et de M. Loubet. Ce n’est pas « sciemment » que M. Rouvier l’a laissé courir, car M. Mévil n’admet pas « qu’un premier ministre français » ait « sciemment » livré « la politique de la France » : mais, selon ce publiciste républicain, le premier ministre de la République dut « lâcher » un mot malheureux que son entourage direct sut recueillir « soigneusement » et transmettre « fidèlement ». Où ? À Berlin. Voilà un ministre bien entouré.

M. Mévil a soin d’ajouter que l’offre anglaise déplaisait à M. Rouvier : elle nous éloignait de l’Allemagne, nous mettait en mesure de résister à l’empereur, et enfin elle fortifiait la situation morale de M. Delcassé, que M. Rouvier aimait peu. D’après M. Mévil, il suffisait de ce triple dépit pour rendre M. Rouvier plus expansif que de raison dans les sociétés dangereuses où sa présence était déplacée presque autant que ses confidences. « M. Rouvier voyait fréquemment des gens dont la fidélité à la cause française n’était rien moins que sûre. » Ce n’est pas moi qui souligne. « Un d’entre eux, notamment, fut pincé

  1. On en a vu l’analyse page 172.