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blicain de M. Mévil n’y paraît pas effleuré de l’ombre d’une inquiétude ; mais il ne peut pas s’empêcher de noter au passage des actes de défaillance ou des faits de duplicité tellement graves qu’il suffit de saisir ces traits particuliers pour être au moins tenté de lui demander s’il admet que le régime où ils sont possibles soit innocent.

Pour charger certains adversaires de M. Delcassé, M. André Mévil en vient à nous décrire un état de choses tel que le président du Conseil et le ministre compétent purent régler en même temps et en sens opposés une même affaire étrangère ! M. Rouvier prenait un parti, M. Delcassé en adoptait un autre, et l’étranger se réservait, comme de juste, la liberté de choisir le plus à son goût. Jamais la division qui est au cœur de la République ne s’est mieux accusée que dans l’âpre discorde où s’agitèrent nos vaines tentatives de résistance à Guillaume II.

Nous n’en étions plus, comme pour l’alerte de 1898, à modifier trop hâtivement un dessein : ici, à la même minute de la même journée, notre dessein perdait aux yeux de l’ennemi tout caractère d’identité ! Non contents de différer sur des points graves, les deux ministres se contredisaient, l’un disant blanc, l’autre disant noir, et leur lutte intestine, naturellement ignorée du peuple français, c’est-à-dire du maître et du souverain, était connue de toute l’Europe. On parlait de la droite allemande et de la gauche anglaise de notre ministère avec autant de simplicité que de la