État de se rapprocher autant que possible du modèle d’organisation représenté par l’esprit humain, et, puisque les États se développent dans la durée, de lui désirer, par exemple, de ne pas se composer d’impulsions contradictoires et de lier le mieux possible les-instants successifs dont il est formé. Un État florissant ressemble à l’âme humaine, sui conscia, sui memor, sui compos. Il participe de cette humanité considérée par Pascal comme un même homme qui subsiste toujours et qui s’instruit continuellement. Ce n’est point là une simple vue de philosophie. Les plus médiocres artisans de la politique l’ont acceptée, M. Thiers a pu dire que la Marine signifiait « suite, volonté, coordination ». Tout le monde a exprimé le même vœu pour l’Armée, les Finances, les Affaires extérieures, l’ensemble et le détail de toutes les administrations.
M. Pierre Baudin a découvert, a contrario, qu’un « effort fractionné, momentané, éphémère, : suivi de revirement eb de réaction, devait naturellement faire souffrir toute notre organisation »[1]. C’est ce qui la tue forcément. Unité, cohérence, sont les conditions du service public. Si elles manquent partout et toujours, c’est qu’il manque un ressort central à l’État.
Une nation a besoin de se tenir et de concorder dans le temps, comme elle a besoin, dans
- ↑ Journal Officiel de la République française du 21 mai 1913.