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préface de la deuxième édition

du cabinet Clemenceau ses anciennes possibilités ministérielles qui devaient se réaliser moins de deux ans plus tard.

Devant ces spectacles féroces et frivoles, si mal en rapport avec la dure série de nos épreuves européennes, les conclusions qui m’avaient semblé presque impies quatre années auparavant quand je les rédigeais dans le feu de la première alarme du siècle, me parurent avoir acquis la solidité, l’autorité et l’utilité. Ces rudes idées me revenaient aggravées, mais approuvées aussi, par la sanction tangible de tant de malheurs répétés, quoique absolument incompris : elles m’avaient dit vrai, et elles me faisaient comprendre désormais que tout ce qui s’était produit se répéterait point par point en dépit de la grande scène de tragi-comédie qui avait coûté ses portefeuilles au ministère Clemenceau. Je n’avais confiance ni au génie réparateur d’Aristide Briand ni aux bienfaits des élections de 1910. Il n’y avait donc plus qu’à ouvrir mon écluse et à laisser ce petit livre répandre les tristesses et les lumières dont il est plein. Mais je ne pouvais pas m’y résigner sans une appréhension mélangée d’espérance :

— Si, contrairement à tous les calculs et conformément à toutes les promesses électorales, l’année 1910 regénérait la République, à quoi bon ce livre attristant ? S’il ne se trompait pas, quel resserrement au cœur de la France !