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kiel et tanger

pour nous entraîner, tout ce qui n’est pas résistance formelle de notre part est consentement. La féroce amie insulaire procède comme ces créanciers souriants, attentifs à ne mettre personne en fuite. Elle ne nous demande aucune parole à l’avance, mais s’inquiète de l’état de nos armes et de nos chevaux.

Nous avons accepté, nous avons reçu les services. Oh ! l’Angleterre n’a pas transcrit en un langage de prière ce que l’Allemagne avait mis en style de menace : — Soyez notre otage, consentez à répondre pour nous sur le continent… Nous n’avons rien promis, non plus. Mais le temps a consolidé, il a, pour ainsi dire, consacré la situation. M. Clemenceau a glissé et manœuvré en Delcassé supérieur. Y a-t-il une convention militaire entre nous et l’Angleterre ? lui demandait à la tribune le sénateur Gaudin de Villaine. Et le ministre a répondu par l’explication vague terminée par le célèbre « J’ai bien l’honneur de vous saluer. » On ne sait rien. Il n’est pas sûr que l’on ait signé quelque chose, même après que M. Clemenceau fût devenu premier ministre. Le fait a même été démenti assez nettement. Mais à certain jour dit, quand le marin anglais montera sur le pont et que le fusilier allemand épaulera son arme, quelque intérêt qui nous sera commun avec l’Angleterre se trouvera avoir été lésé, comme par hasard, du fait des Germains. Nulle excuse de notre part ne sera de mise. On nous intéressera à marcher. On y intéressera même les nôtres ou