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qui constituait un échec personnel pour lui, le roi d’Angleterre n’a cessé de nous obliger. Il a même « obligé » la Russie et, de manière à faire dire ou croire que c’était pour l’amour de nous, il a conclu la paix russo-japonaise. L’Allemagne a retrouvé sur sa frontière orientale une Russie hostile qu’il lui faut surveiller, à moins de recouvrer la chance ou le moyen de changer la voisine en amie, comme à l’époque où s’allièrent les trois empereurs. En tous cas, l’activité politique et militaire de l’Angleterre doit redoubler. Multipliant les précautions pour nous imposer son service et constituer fortement notre vassalité, elle nous a soutenus à la Conférence d’Algésiras. Le ministère Rouvier s’était brisé en plein conflit, peut-être sous le choc d’une impatience de l’empereur Guillaume, peut-être par l’initiative réfléchie du roi Édouard ; celui-ci a immédiatement exigé la constitution d’un cabinet à lui : Clemenceau, premier ministre, flanqué d’Albert Sarraut, le frère de l’ami et défenseur de Delcassé, au sous-secrétariat de l’intérieur, et de M. Pichon, créature de Clemenceau, au quai d’Orsay. Le roi d’Angleterre enjoint dès lors à Clemenceau de rétablir l’ordre, de réorganiser le civil et le militaire. Il ajoute à ses bons conseils des cadeaux plus sensibles. Notre colonisation semblait lui faire ombrage ; maintenant nous aurons toute liberté de l’étendre et de l’arrondir. On nous en donnera l’invitation de plus en plus nette avec les facilités les plus larges. Le bon sens nous indiquerait ici de perfec-