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kiel et tanger

pourtant recommandée d’une forte raison : du moment que notre action coloniale restait à la merci des Anglais, mieux valait les avoir pour amis que pour ennemis ; au surplus, l’Angleterre était notre meilleure cliente ; et si l’Entente nous apportait un mauvais risque de guerre avec l’Allemagne, tout de même il était plus facile, quand on était la France, — à condition d’être la France, — de défendre les Vosges ou de passer le Rhin que de réussir le difficile chef-d’œuvre d’une descente en Angleterre.

Justement, parce qu’il aurait eu mille fois raison s’il avait existé, politiquement, une France, M. Delcassé avait eu mille fois tort dans cette carence des pouvoirs compétents qu’on appelle la République. Ayant vu ce gouvernement négatif, et, par système, insoucieux de sa lacune capitale, viser énergiquement un but maritime et découvrir un jour que, tout en le visant, il était dépourvu de marine de guerre, M. Delcassé n’avait pas le droit de lancer la République dans la direction contraire et de s’exposer à la guerre continentale sans se demander si une armée de terre ne lui manquerait pas comme une armée de mer à M. Hanotaux. Le régime qui avait manqué de bateaux pour aller contre l’Angleterre pouvait et devait être à court de soldats pour se heurter à l’Allemagne. Telles étaient bien, telles devaient être les assises de la diplomatie républicaine pendant son évolution de dix ans !

Ce ridicule état de choses risquait d’être enfin