Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée
177
« humiliation sans précédent »

s’était vanté de « rouler » l’empereur et d’« isoler » l’empire devant être considéré partout comme la conséquence et l’écho direct du discours de Tanger. La voix de l’empereur entendue au loin aurait fait tomber le chef de service français !

À Paris, les ministres estimèrent, avec raison, que l’énoncé d’une telle proposition suffisait à constituer une nouvelle offense pour le pays. « Ils hésitaient », assure M. Latapie, dont personne n’a démenti la version cruelle. Quant au Président de la République, « il avait le cœur déchiré ! » — « Il faut que les ministres sachent au moins ce qu’ils risquent », fit dire alors Guillaume II. « Nancy pris en vingt-quatre heures, l’armée allemande devant Paris dans trois semaines, la révolution dans quinze grandes villes de France et sept milliards à payer pour les dégâts que ne manquera pas de causer la flotte anglaise à la flotte allemande… »

Ce n’est malheureusement pas la première fois que l’on parle ainsi à la France. C’est la première qu’un tel langage est supporté et que l’on y répond en accordant tout. M. Rouvier, dont il est difficile d’imaginer le port de tête en cette circonstance, alla faire la commission de l’ambassadeur aux ministres et au président. Il paraît que M. Delcassé balbutia : « Mobilisons. » Mais ses collègues le regardèrent avec stupeur. Mobiliser l’armée française en 1905. Hélas ! l’état du commandement ! Hélas ! l’état de la troupe ! Hélas ! l’état de l’opinion ! La guerre enfin, la guerre, estimée de tout temps dangereuse à la Répu-