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« humiliation sans précédent »

communiquée ? » poursuit M. Sarraut. « Voilà ce qu’on n’a jamais pu savoir. »

Le Gouvernement de la République tremblait déjà. Avait-il intérêt à trembler davantage ? En avait-il simplement envie ? L’événement fut précipité. Averti par l’un ou par l’autre, mais enfin averti des intentions anglaises par un très haut personnage républicain, se croyant ainsi assuré qu’on répondait à sa menace de la veille par des préparatifs qui, eux, aboutiraient infailliblement à l’action — une action qu’à ce moment-là il désirait, peut-être autant et peut-être un peu moins que son bon oncle de Londres — l’empereur éleva le ton de ses journaux.

La presse allemande déclara que la France servirait d’otage à l’Allemagne si l’Angleterre s’avisait jamais de menacer la flotte de l’Empire : pour chaque milliard de perdu sur la mer, on saurait retrouver deux milliards à terre, dût-on aller les demander jusqu’à Paris. Cet aimable langage fut accueilli en France comme il le méritait. L’esprit public fit tête. La nation ne se troubla point. Les journaux qui ont dit le contraire ont menti. Nous sommes des témoins et nous avons vu. Redisons que notre France n’a pas eu peur. On ne peut en dire autant de ceux qui la gouvernaient.

Le doute sur leurs appréhensions fut quelque temps possible. Nous savons maintenant, par des confidences dont l’origine est sûre, car elles émanent tout à la fois du monde radical et du monde mo-