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kiel et tanger

l’empereur se rembarque et fait voile pour l’Italie.

En Italie, de Naples, nous est signifiée notre seconde erreur. Non seulement le Maroc n’a jamais été à nous, mais on nie, d’un accent hautain, que l’Italie nous soit acquise, ainsi que nous avions eu la simplicité de nous en vanter. Le roi Victor-Emmanuel, levant son verre devant l’Empereur, répète avec insistance la formule des « deux peuples alliés » et souhaite « la prospérité de la noble nation allemande, alliée fidèle de l’Italie ». Guillaume lui répond en vantant la Triple-Alliance, « gage sûr et solide de la paix », protectrice de leurs « deux peuples ». Il se déclare « fermement confiant dans l’alliance fidèle et dans l’amitié intime de l’Italie et de son auguste souverain ». Les deux souverains pouvaient paraître divisés sur le papier des arrangements signés avec d’autres puissances, mais ils se donnaient publiquement rendez-vous du même côté des champs de bataille futurs.

Ce que signifiait de prochain la course de Guillaume, il n’était pas facile de le saisir. On ne voyait pas que l’empereur eût un intérêt immédiat à risquer la guerre avec l’Angleterre ; ses constructions navales étaient encore loin du terme. Mais, le geste et la voix étaient assez pressants. Provisoirement, il tâtait, il éprouvait la solidité des alliances d’Édouard VII. La conférence d’Algésiras a depuis témoigné que ces alliances n’étaient point trop mal agencées et résistaient à l’épreuve du tapis vert. Mais, plus tard, les incidents bal-