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« humiliation sans précédent »

à la « pénétration pacifique de l’Allemagne ». La conférence d’Algésiras fera plus tard ce qu’elle voudra. Un résultat se trouve acquis, d’ores et déjà : la libre colonisation allemande est inaugurée au Maroc. Comme au Brésil[1], comme à Anvers, comme à Chicago, une nouvelle Allemagne est en formation sur ce territoire. Satisfait de son œuvre,

  1. « Les immenses richesses de ces vastes territoires encore vierges réalisent le rêve d’une plus grande Allemagne, économiquement indépendante, au-delà des mers. Déjà 500.000 Allemands et leur progéniture résident au Brésil. Dans le sud, ils sont l’élément dirigeant : leurs factoreries, leurs fabriques, leurs fermes, leurs magasins, leurs écoles, leurs églises, couvrent toute la contrée. Le portugais, langage officiel du pays, est remplacé par l’allemand dans nombre de communes. Des capitaux allemands s’élevant à 20 millions de livres sont placés dans les banques, les tramways, les ouvrages électriques, les mines, les plantations de café, etc., sous la protection du drapeau allemand.

    « Un réseau de chemins de fer traversant le pays et un projet de réseau plus étendu encore sont entre les mains des capitalistes allemands. Dans tout le grand trafic de l’Océan, dans celui des côtes ainsi que dans la navigation de l’Amazone, les Allemands prédominent.

    « La germanisation du Brésil n’est pas un projet datant du xixe siècle ; il y a soixante-dix ans qu’elle est entreprise, bien qu’elle ne soit poursuivie de façon agressive que depuis dix ans environ, époque qui coïncide avec la naissance et le développement de ce mouvement expansionniste exubérant connu sous le nom de pangermanisme.

    « Dans les nombreuses communautés peuplées uniquement de Germains, le gouvernement allemand autonome existe. Les États du Brésil sont divisés en petits districts, Parmi ceux-ci, il en est des quantités qui sont administrés pour et par des Allemands. Ils ont le droit même de maintenir un système de taxation pour l’entretien d’églises et d’écoles exclusivement allemandes. L’allemand est parlé partout. » (L’Énergie française par André Chéradame)