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kiel et tanger

mûri dans la solitude d’une croisière. On le vit, dit-on, hésiter après la station de Lisbonne, par suite des représentations d’une fille de France, la reine Amélie de Portugal[1] Mais le bolide était lancé. Le 31 mars 1905, Guillaume II débarquait à Tanger et annulait d’un geste toutes les compensations idéales que les Anglais avaient accordées aux Français en échange de l’Égypte et de Terre-Neuve. Il déclarait que le sultan du Maroc était pour lui un « souverain indépendant », et que ce souverain devait tenir le pays ouvert à la concurrence pacifique « de toutes les nations, sans monopole et sans annexion ». « L’Empire», disait-il encore, « a de très gros intérêts au Maroc. » Le progrès de son commerce, poursuivait-il, ne sera possible « qu’en considérant comme ayant des droits égaux toutes les puissances par la souveraineté du Sultan et avec l’indépendance du pays ». Il conclut lapidairement : « Ma visite est la reconnaissance de cette indépendance. »

Ce texte si net a été communiqué comme officiel soit aux Agences, soit même au Livre Jaune[2]. Une version plausible porte : « Je n’admettrai pas qu’une autre puissance y prenne une prépondérance. » Dès lors, quoi qu’il dût advenir, l’amitié de la population marocaine était assurée

  1. MM. Denis Guibert et Henri Ferrette, qui indiquent le fait, sont républicains tous les deux.
  2. Voir l’analyse des deux discours prononcés par Guillaume II le 31 mars 1905 à Tanger, dans le livre d’André Mévil : De la paix de Francfort à la Conférence d’Algésiras.